Chaque année j’espère que les choses se stabilisent et décollent enfin, et chaque année, je me retrouve à écrire dans un bilan que tout a été chaotique et compliqué. Arriverai-je un jour à avoir une année tranquille ? Dois-je au contraire accepter que rien ne se fera comme prévu ? Mystère !
L’année a été chaotique, donc. Malgré une amélioration de mon état, je subis encore aujourd’hui des variations d’humeur qui, si elles sont moins marquées, m’essorent le cerveau au point de me dire que je n’arriverais pas à survivre la prochaine fois, et finalement je survis quand même. Mais c’est dur. Je suis fatiguée de sentir, un peu comme aujourd’hui d’ailleurs, que l’état de grâce dans lequel j’étais la semaine écoulée est déjà terminée et que je vais me sentir agressée par la moindre remarque, même la plus débile. La préménopause est un piège, sachez-le.
Et je coupe le son
C’est dans ce contexte que j’ai pris la décision la plus importante de cette année, en mai : arrêter l’écriture à temps plein et rouvrir ma boutique de bijoux.
J’étais dans une phase de down mais je ne l’avais pas réalisé. Or, pendant les phases de down, je suis censée ne pas prendre de décision, et pourtant c’est ce qui est arrivé, j’ai pris cette décision et je ne regrette pas de l’avoir prise. Parfois, il faut écouter ses hormones.
Mon travail a été l’écriture de romans pendant trois ans et demi et c’était chouette. Et ça s’est terminé, et c’était chouette aussi. En trois ans et demi, j’ai appris plein de choses, j’ai ressorti mes livres de manière plus professionnelle, j’ai écrit des bouquins qui n’auraient jamais dû voir le jour et j’ai terminé la trilogie la plus importante de mon multivers, et je ne regrette pas d’avoir fait tout ça, et je ne regrette pas que ça n’ait pas marché.
Évidemment, je suis déçue. Mettre autant d’énergie, de temps et d’argent là-dedans pour un résultat plutôt bof n’est pas la meilleure sensation du monde, mais je me suis rendu compte avec le temps que je ne pouvais pas en faire plus. J’étais au max de mes capacités : ce que je pouvais écrire, ce que je pouvais apprendre, et faire sur les réseaux sociaux, et supporter comme stress. Je ne pouvais pas non plus réussir en écrivant les romans que j’écris, c’est-à-dire des bouquins pas toujours classables, qui empruntent à plusieurs genres, qui ne se lisent pas facilement non plus, avec des personnages très introspectifs.
Surtout, je n’écrivais pas les genres et les tropes à la mode. Et autant je crois qu’on peut réussir dans ce cas, autant je n’avais pas envie d’attendre des années pour atteindre péniblement un smic.
En trois ans et demi, j’ai réussi à me dégager un revenu mensuel d’environ 150 € quand il n’y a pas de sortie. Dit comme ça, ça paraît peu, mais c’est en fait beaucoup, puisque la plupart des auteurs qui essaient n’atteignent pas cette somme. Le truc, c’est que je n’avais plus l’énergie, ni la foi, de continuer en espérant un miracle pour que ces chiffres augmentent.
Donc bref, c’était compliqué mais j’ai aimé ce boulot mais je suis soulagée d’avoir dit stop. Je me suis lancée en croyant que l’on pouvait vivre de sa plume en tant qu’autrice auto-éditée, je le crois toujours (et je pense que c’est le seul moyen), mais aujourd’hui je ne crois pas être faite pour ça. Quelque part, je ne l’ai jamais cru. Publier mes livres a toujours été une histoire compliquée, et l’auto-édition a été une façon de contourner le problème, mais les choses ont évolué dans une direction que je n’apprécie pas, à savoir celle de la professionnalisation et de l’offre plus importante que la demande, et je ne suis pas faite pour ça.
Il se trouve aussi que j’avais prévu, en 2024, de réfléchir à rouvrir ma boutique pendant 2025, trouver comment concilier mes deux activités. C’était planifié, en suspens. C’est juste arrivé plus tôt.
Et je remets le son
J’ai été soulagée quand j’ai pris ma décision. Je l’ai prise sur un coup de tête, avec un reel un peu cynique qui a beaucoup trop fonctionné à mon goût. C’était le pompon, je crois : j’ai eu du mal à lire les commentaires d’autres personnes, par dizaines, qui disaient galérer elles aussi. Une après-midi, alors que je galérais à écrire le début de mon tome 3, je me suis dit « en vrai il faut que tu arrêtes », et j’ai arrêté. Et le soulagement m’a envahie. Évidemment, le reste de la journée, ce n’était plus si évident, parce que je réalisais peu à peu que je n’allais plus être autrice à temps plein alors que c’était le boulot de mes rêves, mais la perspective de me libérer de ce poids m’a quand même fait du bien.
Parce que oui, c’était un poids. Faire le boulot de ses rêves, c’est cool, mais obtenir en échange un revenu à la hauteur du travail accompli, c’est bien aussi. Et ça, ça n’est jamais arrivé.
Tout restait à réinventer à partir de ce moment. Je réfléchissais depuis un temps à rouvrir Rue de Minuit mais je ne savais pas quand, comment, pourquoi, avec quoi. J’avais le concept ; j’avais appris assez de choses pour relancer la machine, surtout sur les réseaux sociaux ; j’avais gardé tout mon matériel, mes outils pour la création de bijoux, mes apprêts, mes pierres. Allais-je reprendre là où je m’étais arrêtée à l’époque, quand j’ai fermé ma boutique pour me consacrer aux livres ? Allais-je tout revoir de A à Z ?
J’ai passé plusieurs mois à travailler là-dessus, imaginer mes nouveaux bijoux, essayer des techniques. Un processus plutôt compliqué : pendant ce temps, je n’avais pas de revenus (les ventes de livres, déjà pas folles, ce sont effondrées puisque j’arrêtais ma com là-dessus), sans compter que mon matériel était vieillissant, et qu’il a fallu racheter énormément de choses. La bonne idée que j’ai eue : n’utiliser que des apprêts en acier. Sauf que l’acier coûte cher, il faut trouver les fournisseurs et faire des choix, puisque les références sont plus limitées que pour les apprêts en bronze ou en laiton.
C’était une très très longue période d’incertitude où je claquais un fric monstrueux dans du matos sans savoir une seconde si les bijoux qui en naîtraient allaient plaire à mes futures clientes. Les essais ratés s’accumulaient. Les résultats n’étaient jamais à la hauteur. Quand j’ai enfin réussi à trouver comment réaliser mes pendentifs Nébuleuse, après pas mal de creusage de tête, j’étais de nouveau soulagée. Ça avait de la gueule. Les choses sérieuses pouvaient commencer.
L’ouverture de la boutique fut bien entendu un moment très stressant, mais les ventes étaient au rendez-vous. J’étais contente de voir que de nombreuses lectrices passaient commande, ainsi que des clientes de mes anciennes boutiques de bijoux. Revoir des noms que je n’avais plus lus depuis longtemps m’a fait super plaisir, tout comme en découvrir de nouveaux. En l’espace du week-end, les ventes ont permis de rembourser l’investissement initial, ce qui était mon objectif.
Et puis ensuite, tout est retombé comme un soufflet.
C’est le plus difficile : tenir sur la longueur. Réussir à attirer de nouvelles clientes. Se faire connaître sur les réseaux sociaux. Toujours la même rengaine, en somme, mais je savais que ce serait un peu plus facile qu’avec des livres. Évidemment, les temps ont changé depuis l’époque où je créais des bijoux en wire wrapping pour ma première boutique, Unseelie : à ce moment-là, je créais trois ou quatre bijoux par semaine, je les mettais en vente le weekend et ça partait tout de suite, tout ça uniquement sur Facebook et sans planning de communication.
Maintenant, comme pour les livres, les créatrices de bijoux se sont multipliées et professionnalisées, et réussir à se faire connaître dans cette masse est plus compliqué qu’autrefois. Mais ce n’est pas impossible. Surtout que je ne partais pas de rien : j’avais déjà une super communauté, petite certes mais très fidèle.
Aujourd’hui, avec les fêtes, les choses se secouent un peu. Les ventes sont plus régulières, je prépare de nombreuses commandes qui seront des cadeaux posés au pied du sapin, et ça me met en joie de savoir que des personnes recevront pour Noël un bijou que j’ai créé. C’est un petit peu de rêve dans notre monde si morne et si désagréable, alors ça me fait plaisir. De toute façon, je crée mes bijoux de la même manière que j’écris mes livres : pour faire voyager dans d’autres mondes pleins de magie. Et Noël, c’est le meilleur moment pour ça.
J’ai choisi d’ouvrir Rue de Minuit en octobre parce que les fêtes suivaient juste après et qu’elles me serviraient de rampe de lancement. Et ensuite ? Ensuite, tout reste à faire pour 2026 : c’est là que les choses sérieuses commencent !
Quelques chiffres :
- Ouverture de la boutique : le 11 octobre
- 4 collections de bijoux créées
- Une soixantaine de commandes au moment où j’écris ces lignes (le 16 décembre)
- 3500 € de chiffre d’affaire
Côté livres
J’en ai déjà parlé dans un autre article, j’ai changé de rythme d’écriture, et c’est une autre grande fierté. Moi qui ne pensais pas réussir… Finalement, ça s’est passé comme sur des roulettes. Ma petite heure consacrée à mes livres chaque soir est sacrée, et si en ce moment je raaaaame parce qu’il faut corriger mon tome 3, je suis contente que ça se passe bien.
J’ai publié deux livres cette année (petit score !).
- Clairvoyants, le tome 3 de ma trilogie le Temps des cendres. Un livre que j’ai adoré écrire, et que mes lecteurs ont également beaucoup aimé. Il a, je crois, terminé la trilogie en beauté.
- Le Dévoreur de rêves, le tome 2 de ma trilogie Marcheurs de rêves. Un succès un peu plus mitigé pour celui-ci, mais je comprends pourquoi. Marcheur de rêves est une trilogie exigeante que j’ai prise par le mauvais bout, avec la volonté de faire en sorte que les lecteurs qui ne connaissent pas mes autres livres puissent le lire, alors qu’au contraire, j’aurais juste dû l’écrire comme une suite, pour les lecteurs qui me connaissent déjà. Je reviendrai sûrement sur cet aspect-là de l’écriture dans un prochain billet, mais j’en ai déjà un peu parlé ici.
Ce semi-foirage du Dévoreur de rêves a mis à mal ma motivation. J’ai eu beaucoup de doutes pour la suite, surtout en écrivant le tome 3. Savoir que mon lecteur number one n’a pas autant apprécié sa lecture n’a pas aidé. Mais j’ai pas mal réfléchi par la suite, et j’ai décidé de m’en foutre.
Puisque l’écriture n’est plus mon travail, je dois me réapproprier mes histoires, et cela passe par les écrire comme je le veux. Le Dévoreur de rêves a été écrit dans la douleur parce que je me cassais la tête sur des histoires de commercialisation et de marketing, et sans ça, il aurait été beaucoup plus sincère. Et donc moins accessible.
C’est ce que j’ai décidé de faire pour mon tome 3, du coup. L’écrire comme je veux, et tant pis pour les longueurs, tant pis pour les passages introspectifs : le roman est 100 % authentique. Écrit de la meilleure façon possible, en fonction de ce que j’ai (un tome 1 et un tome 2 pas super bien branlés et un arc narratif archi-dense dans mon Grand Projet, et pourtant des plus importants). Cela ne le rend pas parfait, juste le plus proche de ce que j’avais en tête.
J’ai parlé de tout ça dans ce billet : se réapproprier son imaginaire.
J’ai envie de kiffer de nouveau mon univers. M’amuser avec mes histoires et mes personnages, même si je suis la seule que ça enthousiasme, parce que j’ai passé trop de temps à essayer de le lisser pour qu’il rentre dans des cases. Tant pis, je ne vivrai pas de ma plume, mais au moins, j’aurai créé quelque chose de grand et de sincère, et s’il faut que le Grand Projet soit connu après ma mort (ou disparaisse dans les limbes des internets), eh bien ce sera comme ça et puis c’est tout.
En 2026, donc, je vais refaire mon site pour qu’il paraisse moins « pro » et plus indi, et je vais m’amuser à y publier plus de billets, d’anecdotes, de réflexions sur le fond de mes livres, plutôt que sur la forme.
2025, mois par mois
Après avoir passé Noël en Belgique (malade !), je termine de préparer la parution de Clairvoyants, le tome 3 du Temps des cendres. Il s’est passé quelque chose avec ce livre (et encore plus le tome 2) et je suis heureuse de mettre un point final à la trilogie, sans me rendre compte qu’elle va me poursuivre pendant des mois. Encore aujourd’hui, alors que j’écris ce bilan, j’y repense. J’ai la sensation d’avoir atteint un cap et que ce qui a suivi n’était que dégringolade.
Clairvoyants sort enfin ! Quelques jours avant, je fêtais mes 40 ans. Je les ai appréhendées, ces quatre décennies, mais finalement les choses se sont remises dans le bon sens et j’ai arrêté d’y penser. On se dit qu’on atteindra la sagesse quand on sera quadra, et j’ai envie de dire oui et non. Non parce que j’ai toujours mes soucis d’humeur, qui au lieu de me remplir de sagesse me remplissent d’anxiété et d’irritabilité, et que c’est difficile dans ce cas d’assumer ce qu’on est quand on n’ose pas parler à des gens dans les magasins ou qu’on a envie de se fondre dans les murs parce qu’on se sent agressée par tout, y compris et surtout par la personne avec qui on partage sa vie, et oui parce que finalement, avec le temps, j’ai appris. Ma psy a beaucoup aidé, je crois !
Je stresse. Si les retours sur Clairvoyants sont très élogieux, les ventes ne décollent pas. Je suis prise d’une frénésie de tout remettre à plat, ma com, mon marketing, je suis prête à dépenser des thunes dans de la pub, alors que je sais très bien que tu peux mettre autant d’argent que tu veux dans de la pub, si te ne sais pas comment t’y prendre, tu n’y arriveras pas. Je fais donc ce que j’avais envie de faire depuis un an et que je n’osais pas : je demande de l’aide. J’ai contacté Carrie, qui est coach pour les auto-édités, et je ne regrette pas. Carrie a été d’une aide très précieuse pour améliorer le marketing du Temps des cendres (et elle ne ménage RIEN XD), et en plus elle est hyper sympa. J’ai appris plein de trucs avec elle, en particulier le lâcher-prise. S’il faut réécrire dix fois son résumé, eh bien on le réécrit dix fois. Si on aime la couverture de son roman, eh bien tant pis, on va la refaire. Carrie m’accompagnera pendant quelques semaines et je regrette de ne pas l’avoir contactée plus tôt.
En avril, c’est l’Ouest Hurlant ! J’y participe sur le stand de l’Astrolabe / Argyll, et je suis très contente d’avoir dit oui. C’est ma toute première « grosse » dédicace depuis des années : en décembre, il y a eu un petit salon à Rennes, mais là, c’est le grand jeu. Surtout que je me suis rendue une fois sur place en tant que visiteuse deux ans plus tôt, et c’était une très mauvaise expérience à cause de mon anxiété. Là, cette fois, tout va bien, je suis avec mon chéri qui dédicace lui aussi, je rencontre des lecteurices, que je connais ou non, je discute, je prends même l’initiative. Tout ce que j’ai appris sur la com et le marketing me sert énormément puisque j’arrive à parler de mes livres. C’était une très belle expérience !
Le couperet tombe : j’arrête d’écrire à temps plein. Les dernières semaines sont un tourbillon, du bon, du moins bon. Je me sens mieux grâce à la pilule que je prends pour stabiliser mon humeur, mais il y a des restes, et ces restes me font lâcher prise. Je décide de ne plus écrire pendant que j’écris mon tome 3. Le tome 2 doit sortir, il m’a terriblement résisté, j’ai presque envie d’abandonner la trilogie. Le fait d’arrêter mon travail d’autrice me permet de relâcher la pression. Je dois réinventer mon quotidien, tout réorganiser. La boutique de bijoux va rouvrir et ça, ça m’occupe beaucoup et je sais où aller, mais l’écriture ? Comment faire alors que je passais des heures à écrire mes romans, et que maintenant je n’ai plus le temps pour ça ? Malgré tout, je suis soulagée. L’horizon s’éclaircit.
Je suis perdue dans ma com. Soudain, je n’ai plus envie de parler de mes livres, alors que le tome 2 de Marcheurs de rêves sort. Il fait un four, mais la trilogie ne fonctionne pas. Tant pis. En parallèle, je sors les boîtes qui renferment mon matériel, je trie, je teste. J’ai des idées pour mes futures collections de bijoux mais j’ai du mal avec la technique. Ou alors c’est mon matos ? Je travaille avec de la vieille pâte polymère toute dure, très pénible à conditionner, alors je dois en acheter d’autre. J’engloutis beaucoup d’argent dans le matériel. Heureusement, j’ai des sous de côté, mais c’est stressant, en particulier quand la date d’ouverture de la boutique est fixée à octobre. C’est loin, octobre.
Je reprends l’écriture de mon tome 3, arrêtée alors que je venais tout juste de le commencer. J’écris à la main ! Ça change et ça me permet de faire une coupure nette dans mes habitudes. Ma petite heure d’écriture le soir me fait du bien, mon cerveau n’est pas accaparé par mon roman, surtout qu’en journée, j’ai les mains dans la Fimo. En parallèle, je décide de dégager Notion, là où, pourtant, je centralisais ma vie. J’en ai marre de toutes ces applis qui nous la mettent à l’envers. Je migre mes données vers une autre appli, j’utilise un bujo, retour au papier, ça fait bien !
Je termine ma première collection de bijoux, les Nébuleuses. Que je l’aime ! Elle est encore plus belle que ce que j’avais envisagé au début. J’ai passé beaucoup de temps à trouver comment réaliser ces pièces, passant d’une technique à une autre, d’un matos dégueu à un autre (gros problèmes avec la résine, j’ai dû tester plusieurs marques et plusieurs machines UV avant de trouver la bonne). Je dois même recommencer toute la collection des Nébuleuses à cause de ces soucis. Heureusement que j’ai le temps !
Je commence à communiquer sur l’ouverture de la boutique, en présentant les trois premières collections. Ça devient concret : je réceptionne des cartes de visite, des stickers, je mets en place la boutique. En parallèle, je fais une sorte de rejet de mon autre compte Insta, dans lequel je n’arrive plus à parler de mes livres, ni de quoi que ce soit d’autre. Ma newsletter aussi. Ça patine, c’est compliqué, je suis tellement investie dans Rue de Minuit que je n’arrive plus à bosser sur le reste. C’est là que je commence à comprendre que je ne peux pas gérer les deux avec la même énergie. Il faut que je lâche un peu de leste sur mes livres. Encore aujourd’hui, en fin d’année, je n’ai toujours pas trouvé le bon équilibre, mais ça viendra.
La boutique ouvre, youpi ! C’est le stress. J’avais réussi à le tenir à distance jusqu’ici mais c’est compliqué, en particulier quand les doutes se sont tous mis d’accord pour débouler en même temps. Il y pas mal de commandes, bien plus que mon objectif perso, et si je suis contente, je suis aussi un peu déçue : tout le monde a sauté sur les colliers en forme de sphère armillaire, soit les bijoux les moins inventifs et les moins personnels de ma boutique. Alors que j’avais passé tant de tant sur mes deux autres collections, ça pique un peu. Mais bon, mon investissement de départ est remboursé, je ne vais pas râler !
En parallèle, pile le jour de l’ouverture, je termine d’écrire le tome 3. Ouf ! À raison d’une heure par jour, tous les jours, depuis le mois de juin, je suis soulagée de le finir. J’ai un beau manuscrit qui s’étend sur trois carnets, qui trônent fièrement dans ma bibliothèque, mais je dois aussi terminer de le retaper sur ordi, sans compter la correction. Le fun commence.
Après le boum de l’ouverture de la boutique, les semaines suivantes sont bien plus calmes. Il y a des commandes de temps en temps, mais évidemment, j’espérais plus ! Je relativise en me disant que je ne peux pas espérer un succès tout de suite, alors que Rue de Minuit n’est réveillé que depuis un mois. Fin novembre, je lance ce que j’appelle ma collection de Noël : les pierres-de-rêves, la collection que j’aime le plus, celle sur laquelle je travaille depuis pas mal de temps. Je l’adore, mais elle part beaucoup moins que les autres. À cause des prix ? Je n’ai pas envie de commencer à réfléchir à la pertinence de mes prix. Je les calcule au plus juste, en fonction du coût des matières premières (désolée, l’acier ça coûte cher), du temps passé dessus et pour me rémunérer, je ne veux pas les brader. Tant pis, je me dis que ça finira par partir, mais je suis quand même déçue de voir que des modèles que j’aime énormément n’ont pas été vendus une seule fois. Avec Noël qui approche, ça bouge un peu, toutefois.
Côté livre, après avoir recopié le Monde du Vide, et après l’avoir relu, je me lance dans la correction. Ce sera : long. Et pénible. Bien plus pénible que l’écriture. J’espérais que le livre sorte en février mais ça ne se fera pas, dommage. J’ai du mal à apprécier ce que j’ai écrit, au début, puis je me rappelle que je suis censée ne plus me préoccuper de commercialisation et de marketing, et tout s’éclaire. J’ai écrit ce que je devais écrire, c’est tout.
Je gère les fêtes de fin d’année comme je l’avais prévue : tranquillement, sans me stresser, sans en faire trop. Pourtant, c’est difficile, quand on voit toutes les autres artisanes proposer des trucs super pour Noël. Je me rends compte qu’il va falloir y aller doucement pour éviter de se retrouver emporter dans la frénésie des réseaux sociaux.
Je prépare mes projets pour l’année prochaine. De nouvelles collections, des modèles à ajouter aux anciennes, des moments-clefs. Les textes à écrire et à publier. Je change mon organisation, aussi : le bullet journal, c’est cool, mais ça ne me convient pas. Je découvre alors l’existence de la marque Hobonichi, qui propose des agendas modulables. J’achète le mien et c’est le coup de foudre ! En parallèle, je migre de nouveau mes données vers une autre appli, ce qui prend du temps et désorganise un peu mes routines. Mais on va y arriver.
J’ai hâte, comme souvent à ce moment de l’année, de passer à l’année prochaine. Pour une fois, j’ai réussi à gérer les cadeaux à offrir à ma famille assez vite (comme on est nombreux, c’est compliqué), ce qui me retire un peu de stress, mais il y a la boutique, les injonctions, les ventes qui ne décollent pas autant que je le voudrais. C’est un peu tout le paradoxe de cette réouverture : j’y vais doucement, mais mon cerveau me réclame d’aller plus vite parce que je pourrais en faire plus. Sauf que je n’ai pas envie d’en faire plus ! J’ai envie d’oublier la pression des chiffres et d’Internet, de faire ce que je veux de mon côté, à mon rythme.
Ce sera un peu l’enjeu de 2026. Pour mes livres, je pense que c’est OK : je ne peux pas, de toute façon, y consacrer plus de temps. Pour la boutique, ce sera plus difficile, mais je n’ai pas encore mis en place tout ce que j’avais prévu. De toute façon, la partie la plus critique concerne les réseaux sociaux, qui me crient que je n’en fais pas assez, mais ce ne sont pas eu qui feront la loi ! Il y a encore des efforts à faire de ce côté-là, et j’espère réussir enfin à les dompter en 2026.
Voilà pour ce très long bilan ! À très vite pour les projets futurs, et à l’année prochaine :)
