La mort des immortels

La mort des immortels est un sujet que je n’avais pas vraiment tranché, au début. Il faudrait que je relise les romans concernés mais je suis sûre qu’ils se contredisent parfois là-dessus, ce qui ne me dérange pas plus que ça. En effet, je suis partie du principe que je n’avais pas à définir tout ce qui se rapporte aux vampires : même sans être fan d’histoires de vampires, les lecteurs en savent suffisamment pour se faire une idée de comment ça fonctionne.

Un exemple : dans Elisabeta, Sinteval ou Lettres de sang, explique-t-on comment fonctionnent les dents des vampires ? Est-ce que leurs canines deviennent pointues et acérées quand ils sont transformés en vampires, et restent ainsi pour toujours ? Est-ce qu’elles apparaissent et se rétractent quand ils s’apprêtent à boire du sang ? Ont-ils des canines surdimensionnées, d’ailleurs ?

Réponse : je n’ai jamais parlé de cet aspect dans les romans mentionnés. Sur le moment, ça ne m’est pas venu à l’esprit, la preuve que ce n’était pas utile. Chacun et chacune est libre de se faire son image.

Concernant la manière de tuer un vampire, l’idée était similaire. Au début, du moins. Aujourd’hui, on peut faire le point sur toutes les méthodes qui existent, efficaces ou non.

La base : le soleil

Dans mon univers, les vampires vivent une malédiction : ils ne peuvent pas regarder le soleil directement (en même temps, même en tant que mortel, il vaut mieux éviter). Les vampires plus âgés peuvent sortir en plein jour et subir les rayons du soleil, mais les vampires jeunes, eux, le supportent beaucoup moins bien : ils brûlent à la lumière, et sentent même quand le soleil se lève, alors qu’ils se trouvent dans une pièce avec les volets fermés. À noter qu’un vampire en manque de sang, même ancien, sera plus vulnérable au soleil.

C’est en regardant le soleil dans les yeux qu’un vampire meurt. C’est d’ailleurs ainsi que se déroule leur mort « naturelle » : au bout d’un moment, des centaines d’années après avoir été transformés, le fil de leur vie se remet en marche. C’est le début du déclin. Le vampire va en quelque sorte devenir parfait : plus beau, sans défaut, comme une statue. Ensuite, ses cheveux vont blanchir (mais il restera toujours jeune), puis il va « ralentir  » : un phénomène assez inexplicable qui donne l’impression que le vampire est change de vitesse. Son corps « vibre » à une vitesse extrêmement haute et son cerveau garde son rythme normal. Ça vient par intermittence. S’il y a privation de sang, il peut rester dans cet état pendant des années. Enfin, il sera de plus en plus obsédé par l’idée de regarder le soleil, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus résister.

(quand ils meurent ainsi, les vampires ont une sorte de vision : un bout d’une prophétie que l’on appelle la Révélation, et dont on ignore précisément l’origine et la signification. On note ces extraits dans un livre depuis des siècles).

Donc, si on part de là, la manière « officielle » de tuer un vampire est de le forcer à regarder le soleil dans les yeux. C’est ce que l’on fait avec ceux qui sont condamnés à mort, ou ceux que l’on souhaite assassiner pour une raison ou pour une autre : on les séquestre, on les prive de sang, et on attend le moment où le soleil devient sa plus grande obsession. Ça prend quelques semaines le plus souvent, mais les vampires anciens peuvent rester dans cet état pendant des années. Il vaut mieux avoir du temps et une geôle solide.

On peut se rendre compte, donc, de la difficulté à se débarrasser d’un ennemi sans y passer des heures : dans cette configuration, pas moyen de lui coller une balle dans la tête. On peut, bien sûr, mais cela ne tuera pas le vampire, il sera seulement immobilisé (même chose, pour un temps plus ou moins long selon son âge et son état. Demandez à Virgile).

Qu'en est-il des autres moyens que l'on voit dans les films et la littérature ?

  • les balles en argent : il ne suffit pas que les balles soient en argent pour tuer un vampire. Elles feront beaucoup de mal, au point que la victime aura mal jusqu’à la fin de sa vie, mais pour être vraiment efficaces, elles doivent être bénites. Et cela, c’est presque impossible (voir plus bas).
  • les pieux dans le coeur : le vampire se remettra toujours, à moins de laisser le pieu à sa place, et qu’il soit en argent bénit plusieurs fois. Dans ce cas, il n’est pas mort mais simplement mis « sur pause », ce qui est considéré comme de la torture (comme la privation de sang jusqu’à la mise en stase). À une époque, des monarques avaient mis en place une prison spéciale avec des dispositifs qui gardaient les vampires dans cette posture, mais cela demandait beaucoup de moyens, sans compter que ce n’est pas une méthode infaillible (les bénédictions doivent être renouvelées très régulièrement, sans quoi le vampire se réveille, le plus souvent en pétard).
  • le feu : si on aime faire souffrir, oui. Mais à moins de réduire le corps du vampire en cendres, il s’en sortira.
  • la décapitation : le seul vrai moyen de tuer un vampire. Encore faut-il une arme adéquate et un vampire immobilisé. Cette méthode est peu aisée à mettre en oeuvre, surtout si on veut aller vite et bien (pas moyen de tuer quelqu’un dans une ruelle, vite fait bien fait). Sinon, il existe des guillotines, mais toute la difficulté réside dans le fait de garder le condamné en place le temps de la procédure (ça n’arrivait jamais, ils arrivaient quasiment toujours à se libérer, sauf s’ils étaient en stase, et là aussi il ne faut pas être pressé).

On le voit, donc, ces méthodes demandent du temps et des moyens. On voit également l’argent bénit est le moyen le plus efficace de faire du mal à un vampire, voire de le tuer. Mais il est aussi très difficile de maintenir la bénédiction dans le métal : sitôt la prière faite, elle disparaît avant même que la balle soit enclenchée dans l’arme. Les chasseurs de l’Église travaillent sur ce sujet depuis l’invention de la poudre à canon et ne sont parvenus à des résultats satisfaisants que très récemment, comme on le voit dans Lettres de sang : les Dissidenti sont surpris (et terrorisés) de découvrir l’un d’eux tué par arme à feu.

On peut imaginer que si le cours du temps s’était déroulé normalement et que la fin du monde n’avait pas eu lieu, la technologie aurait donné naissance à de nouvelles armes bien plus performantes. Heureusement, quelque part, que l’apocalypse est survenue.

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