Version brute
Le jour de la réouverture, lancé en grande pompe dans les journaux new-yorkais, découvre pour la première fois cette étrange sculpture de marbre debout sur son piédestal, entièrement blanche. L’on aurait dit une statue abandonnée au milieu d’un jardin d’hiver : l’air est froid, le sol couvert de cette crête immaculée que foulent les curieux à la recherche de beauté. Ils attendent, au cours de cette soirée joyeuse sur laquelle le soleil se couche peu à peu, près de flambeaux, dans les rires et l’impatience, certains tenant à la main une boisson chaude et d’autres admirent une démonstration de jongle âge que leur offre je ne sais pas qui.
Puis quelqu’un, un enfant peut-être, s’exclame en disant que la sculpture a bougé. Alors, dans un mouvement collectif, les visiteurs s’avancent afin de vérifier et découvrent qu’en réalité, sous le marbre se tient une véritable personne, capable de demeurer immobile au milieu de. L’illusion et à s’y méprendre : parmi le tissu, une drôle de peinture blanche recouvre les quelques parcelles de peau découverte de l’artiste, pour la gorge, et le visage tout entier, les paupières à demi fermées et les retirer en un léger sourire. Seul ses cheveux, pressé et décoré de rubans qui pendent dans le vide, ne donne pas cette impression de pierre taillée finement, mais ainsi couvert de phares blancs, il faut illusion.
Les mouvements d’Ariane sont d’une incroyable lenteur, presque invisible à l’œil nu mais perceptible quand on l’admire, de longues minutes, tandis qu’elle lève les bras pour les poser sur sa poitrine, comment prière. Des visiteurs restes longtemps devant elle, espérant peut-être la voir bouger plus vite, ouvrir les yeux et sourire, tout simplement pour admirer la finesse du travail et la force de sa prestation. Car il fait froid, ce soir ; et Ariane n’a jamais craint le froid.
C’est à ce moment-là qu’annexe quitte les ombres dans lesquels il s’était dissimulé, pour déambuler au milieu de la foule, lui aussi vêtu de blanc de pied en cap, soulevant son chapeau haut de forme immaculée pour saluer les spectateurs. Il en imite certains, ce poste à côté d’un homme qui ne le remarque pas et prenant la posture, jusqu’à ce que la victime le remarque et s’en amuse ; il poursuit des enfants, qui court devant lui en riant aux éclats ; ils veulent attirent la fleur passer à la boutonnière d’un homme, avant de l’attendre à sa femme.
Le mime poursuit ainsi son manège pendant un temps, jusqu’à ce qu’il fasse semblant de découvrir la statue vivante qui évolue au milieu de la place, et en tombe de stupeur. Des gestes de pâmoison exagérer, des paroles silencieuses qu’il adresse à la sculpture avec force mouvements des bras, puis, constatant qu’elle ne réagit pas, il fait montre d’une déception qu’il appuie avec emphase, s’attirant les rires de ce qui les regarde.
Comme toujours, rien ne bouge pas, ou alors si lentement que personne ne le remarque ; et comme toujours, Alex est la seule à l’avoir sourire, sourire avec ses yeux qui ne le quittent pas.
Version retouchée & corrigée
Le jour de la réouverture, annoncée en grande pompe dans les quotidiens new-yorkais, le cirque dévoile cette étrange sculpture de marbre debout sur son piédestal, entièrement blanche. L’on aurait dit une statue abandonnée au milieu d’un jardin d’hiver : l’air est froid, le sol couvert de cette craie immaculée que foulent les curieux à la recherche de beauté. Ils patientent dans la file d’attente, profitant de l’ambiance joyeuse de la place sur laquelle le soleil se couche peu à peu, près de flambeaux, dans les rires et la bonne humeur ; certains ont une boisson chaude à la main, quand d’autres admirent une démonstration de jonglage que leur offre Robin.
Quelqu’un, un enfant, s’exclame soudain : « la sculpture a bougé ! ». Alors, dans un mouvement collectif, les visiteurs s’avancent afin de s’en assurer par eux-mêmes, et s’aperçoivent qu’en réalité, une véritable personne se tient sous le marbre, capable de demeurer immobile au milieu d’eux. L’illusion est à s’y méprendre : hormis le tissu, une drôle de peinture laiteuse recouvre les quelques parcelles de peau nue de l’artiste, les épaules, la gorge et le visage tout entier, les paupières à demi-fermées et les lèvres étirées en un léger sourire. Seuls ses cheveux, tressés et décorés de rubans qui pendent dans le vide, ne donnent pas cette impression de pierre taillée, mais ainsi enduits de fard blanc, ils participent à la magie.
Les mouvements d’Ariane sont d’une incroyable lenteur, presque invisibles à l’œil nu, perceptibles quand on l’admire durant de longues minutes, tandis qu’elle lève les bras pour les poser sur sa poitrine, comme dans une prière. Des visiteurs restent longtemps devant elle, espérant peut-être la voir bouger plus vite, ouvrir les yeux et sourire, ou tout simplement contempler la finesse du travail et la force de sa prestation. Car il fait froid, ce soir ; et Ariane n’a jamais craint le froid.
À son tour, Sonho quitte les ombres dans lesquelles il s’était dissimulé pour déambuler au milieu de la foule, lui aussi vêtu de blanc, de pied en cap, soulevant son chapeau haut de forme immaculé devant les spectateurs. Il en mime certains, comme cet homme ventru près duquel il s’arrête et qui ne le remarque pas ; là, il imite sa posture, jusqu’au tapotement inconscient de son pied sur l’herbe, puis la victime se rend compte de sa présence aux rires étouffés de ses proches. Sonho pourchasse des enfants, qui courent devant lui en riant aux éclats ; il vole à la tire la fleur passée à la boutonnière d’un gentleman avant de la tendre à sa femme.
Le mime poursuit ainsi son manège pendant un temps, jusqu’à ce qu’il approche de la statue vivante, qu’il feint de découvrir. Là, il en tombe de stupeur : gestes de pâmoison exagérés, paroles silencieuses qu’il adresse à la sculpture, force mouvements des bras. Puis, constatant qu’elle ne réagit pas, il fait montre d’une déception qu’il appuie avec emphase, s’attirant les rires de ceux qui les regardent.
Comme toujours, Ariane ne bouge pas, ou alors si lentement que personne ne le remarque ; et comme toujours, Sonho est le seul à la voir sourire, sourire avec ses yeux qui ne le quittent pas.